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Les élucubrations de Rose de Picardie
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10 mai 2016

La langue picarde

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La langue picarde est une langue romane, au même titre que le français, l'italien, l'espagnol le portugais, le provençal etc...,

c'est à dire qu'elle provient du latin parlé par les populations de la Gaule soumises à la colonisation romaine.

Dans les régions Nord de ce pays (que Jules César dans La Guerre des Gaules classe en Belgique première et Belgique seconde) la fin de l'Empire romain et l'entrée plus ou moins violente, plus moins favorisée ou subie des populations germaniques, en particulier franques, résulta en une une évolution de la langue latine officielle différente de ce que donneraient à terme les langues d'oc.

Parmi les caractéristiques marquantes du latin parlé par les futurs Picards (le nom, d'origine controversée, n'apparaît pas avant le XIIe siècle) figurent des phénomènes repérés par les phonéticiens et ayant trait à la palatalisation.

Les consonnes du picard sont ainsi plus proches de la prononciation latine originelle que ce qu'elles sont devenues en français.

C'est le cas du "c" dur ou "k" du latin caballus (cheval) qui donne k'val en picard ; de même canis (chien) donne-t-il kien.

L'évolution vers le français donnera en revanche un état ultérieur d'adoucissement de la même consonne (palatalisation), devenue "ch".

C'est également le cas de la consonne « g » qui dit gambe en picard et « jambe » en français D'autres caractéristiques tout aussi spectaculaires concernent le démonstratif ‘ech provenant de ecce, donnant l'image d'un picard plus proche du latin initial, plus brut que ce que deviendra à terme le français, plus éloigné de l'idiome commun d'origine par frottement, adoucissement et polissage.

Par ailleurs, le transfert du pouvoir politique vers Paris, dont l'importance n'émergera que progressivement puisque la cité d'Arras aux XIIe et XIIIe siècle représente alors une réelle concurrence commerciale (cf. le théâtre d'Adam de la Halle), s'accompagnera du déclin des dynasties mérovingiennes puis carolingiennes, plus essentiellement germaniques.

Aux environs du Xe siècle l'Abbaye de Saint-Denis joue un rôle décisif dans l'importance accordée aux Capétiens, c'est à dire à l'Île-de-France (Senlis). Le triomphe inéluctable de Paris aura pour conséquence que la Picardie deviendra une terre marginalisée, frontalière avec le Nord bourguignon puis avec l'Empire catholique hispano-habsbourgeois, donc militaire et fortifiée. Ce qu'elle demeurera pour son plus grand malheur jusqu'aux portes de la Seconde Guerre mondiale.

Dans cette nouvelle position géographique, cette terre éminemment rurale se repliera sur sa langue comme d'un trésor caché, d'usage quasi inaudible et privé. Il n'empêche que pour les intelligences les plus audacieuses la proximité avec Paris sera au contraire vécue comme un stimulant.

Qu'on mesure le rôle des humanistes hellénistes ou latinistes tel Lefèvre d'Étaples par exemple, ou bien la fougue innovante des Révolutionnaires (Saint Just, Condorcet, Babeuf etc...).

Quant à la langue, son aire qui s'étendait jusqu'aux frontières avec les langues germaniques (la Meuse à Maastricht) s'émiettera en plusieurs dialectes (wallon) ou patois (chti), manquant du désir ou de la force de se fédérer et transcender en langue littéraire à l'image du provençal manié par les poètes troubadours.

Au XIXe et XXe siècle les sociétés antiquaires (cf. Rosati d'Arras) entreprendront une renaissance, s'appuyant sur l'établissement philologique de textes anciens, les études linguistiques scientifiques telle la Grammaire de l'ancien picard de Charles- Théodore Gossen, les Études sur le Moyen Picard de Louis-Fernand Flutre ou encore celles du philologue suisse Walther von Wartburg.

À notre époque, outre notre propre effort de rassemblement littéraire dans La Forêt Invisible.

Au nord de la littérature française, le picard (1985, Trois Cailloux) ou les essais journalistiques ou littéraires de Ch'Lanchron et de Pierre Ivart, on comptabilisera une foule de glossaires aussi riches que partiels tels ceux de Robert Loriot, Gaston Vasseur, René Debrie, Robert Emrik, Madeleine Duquef, Jean-Marie Braillon, François Beauvy dont aucun, à notre connaissance, n'a encore entrepris jusqu'à présent une recension exhaustive.

D'autant que le picard n'ayant jamais été graphiquement codifié en tant que langue littéraire a donné lieu à des conflits de transcription opposant Gaston Vasseur (Vimeu) à René Debrie (Amiénois), à propos très précisément de la manière de transcrire en alphabet latin le son dur non-palatalisé « k ».

Faut-il écrire « c » ou « k » ? Des guerres picrocholines furent déclarées pour d'encore plus graves enjeux !

Jacques Darras

http://www.agencepourlepicard.fr/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=88&Itemid=179

 

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